Interview réalisé en Fevrier 2012 par Brigitte Camus pour son livre sur le thème de l’aide aux artistes.
Jérémie Baldocchi quitte l’école en seconde, s’inscrit dans une école d’art à Paris. Il suit un cursus de 3 ans d’études. Il est satisfait de l’enseignement qu’il reçoit, notamment avec un professeur, François Deshaie. Il raconte une anecdote qui va être un déclic fondamental pour la suite de son évolution artistique. L’enseignant avait proposé le thème de l’accident. Jérémie Baldocchi l’interprète en dessinant une femme enceinte et un homme qui hausse les épaules face à cet « accident ». Seul problème, il est en panne d’inspiration pour faire les têtes. Il bloque et finit par proposer son sujet avec des personnages sans têtes !
Réaction du professeur « il n’y a pas besoin de faire de têtes, ça fonctionne très bien comme ça ». Le jeune artiste mis en confiance avec sa première illustration, ne mettra plus jamais de têtes à ses personnages. Formaté pour faire de l’illustration pour des magazines, il s’engage dans cette voie mais ses personnages sans tête déroutent. Alors il décide de se confronter au public et expose en 1999 à la FNAC du Forum des Halles. « J’avais peur des réactions du public devant mes personnages sans tête mais cela a été un succès, j’ai reçu de bonnes critiques et les ventes ont étés au rendez vous » Durant 12 ans il a exposé à la FNAC du Forum des Halles, ainsi que dans des galeries, dont la Hune Brenner, au Palais de Tokyo dans une exposition collective, la galerie l’Art de Rien. En 2009, il expose à la galerie Espora en Espagne : il est contacté grâce à Myspace, un réseau social où il est également découvert par la chanteuse Elsa qui l’invite sur France 2 où il présente ses œuvres. Depuis plusieurs années, il expose à l’étranger : il ne vend pas à chaque fois mais se constitue un réseau qui lui permet de rebondir.
1- Vivez vous de votre art?
Je ne vis pas à 100 pour 100 de ma création artistique. A côté, je suis graphiste, je fais des sites, affiches, flyers. Cette organisation me permet de pouvoir gérer mon temps de travail en mettant de côté mon travail de graphiste quand j’ai de grosses expositions. J’ai donc 2 professions mais comme j’ai travaillé en entreprise pendant une quinzaine d’années, je sais m’organiser. Je travaille dur car je suis très motivé ce qui ne m’empêche pas de m’imposer une certaine discipline, comme par exemple de mettre le réveil le matin à 6h et le soir de me coucher tard. Mon travail artistique vient en premier, mes amis et ma famille, passent après. Ils le savent. Mon choix est clair : entre un repas et l’achat de matériel artistique, c’est le matériel artistique qui prime.
La réussite c’est 1% de talent et 99% de travail. 4 à 5 heures de sommeil par nuit me suffisent, c’est une chance.
2- Quelles sont les clefs de la réussite?
Le travail avant tout. Il faut être en permanence en éveil. Internet est l’une des clefs : il faut sans arrêt vérifier comment on est référencé, comment son travail est perçu. Ensuite, il faut chercher des bons plans pour envoyer des dossiers, répondre à des appels d’offre. Une fois par semaine je prépare les dossiers que je dois envoyer. J’enrichis mon site, je m’inscris à d’autres sites. Il faut travailler sur tout ce qui est autour de sa pratique. On passe beaucoup de temps avec l’administration, la gestion et la communication qui est primordiale car personne ne vient vous chercher tant que vous n’avez pas fait de rencontre décisive. Il faut aussi trouver un collectif d’artistes qui vous convienne. Et accepter de tout mener de front tant que quelqu’un ne s’occupe pas de vous.
3- Quels sont les conseils que vous donnez aux artistes, par exemple avec les galeries?
Au début quand j’ai commencé, j’ai envoyé des centaines de dossiers sans réponse. Les galeries aiment nous découvrir, pas être dérangées. Je n’avais pas de réponse. Du coup, je me suis tourné vers les appels d’offre, les prix et les concours. Il ne faut pas hésiter à aller sur les sites en anglais, on trouve forcément des appels d’offre auxquelles vous convenez.
4- Quelles sont les règles d’un site bien fait?
Avoir un site est une carte de visite indispensable mais il faut que celui qui le visite ait le sentiment de rentrer dans un univers comme s’il pénétrait dans un appartement, c’est le graphiste qui parle !. il faut ressentir l’ambiance et le style de l’artiste dans chaque onglet et que cela soit simple et convivial. Il ne faut pas mettre trop d’images. 3 œuvres suffisent pour découvrir l’univers d’un artiste. Il faut mettre en avant ce qui est le plus récent sur la première page. L’onglet actualités doit être à jour et vivant. C’est bien aussi de montrer quelques œuvres des années antérieures pour aider à comprendre l’évolution de l’artiste. Il faut changer les menus et les images régulièrement. Moi j’ai aussi un blog car bien souvent ils sont mieux référencés que les sites. Il faut aussi savoir créer un effet de surprise avec de l’événementiel en publiant cet événement à la fois sur son site, les réseaux sociaux, et son blog, et en envoyant une newsletter…. Mais attention de ne pas tomber dans l’excès inverse et d’envoyer sans arrêt des mails et de surcharger sa communication sur le web pour éviter de lasser l’internaute !
5- Qu’est ce que votre site vous a apporté?
Au tout début je n’avais pas de site, j’étais sur un blog, je me suis inscrit sur de nombreuses galeries en ligne et des annuaires, l’avantage c’est que cela fait du buzz sur votre site car quand votre lien est copié, cela fait du référencement. J’ai fait 3 expositions grâce à Myspace. J’ai vendu quelques toiles grâce à Facebook. IL faut avoir son site, et en parallèle faire du buzz que l’on provoque en s’inscrivant sur des réseaux sociaux, des galeries virtuelles, des annuaires, des portails. Selon moi, il faut multiplier ces inscriptions gratuites. Par exemple, si on tape sur Google « peintre contemporain » j’arrive en 3ème page, et mieux je suis en première page si on tape « peintre contemporain français » ou bien « peintre contemporain figuratif »
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